Errances guerrières sur l'Île de Beauté...

[DoCh]

Commencer par un tel oxymore risque de faire fuir les lecteurs. Mais je trouve que le titre résume bien mon état d'esprit du moment en question...

Salut aux amateurs,
Sous ce terme, j'englobe aussi bien les fondus d'autos, les fous de glisse, les passionnés de mécanique, en un mot, ceux qui aiment conduire, et particulièrement ceux qui apprécient le pilotage d'une auto joueuse, comme l'est une berlinette. Mais pas que...

Je rentre d'un voyage solitaire en Corse, à bord d'une MX5 à paupières, faute de mieux.
Vous imaginez bien que mon pied droit n'a pas chômé, allant sans cesse de la pédale de droite à celle du milieu, quand ce n'étaient pas les deux à la fois. À ma droite, il n'y avait personne à "ne pas secouer", la liberté totale. Je recommande...

En 1300 km et 5 jours, j'ai fait fumer mes pneus et éprouvé mes suspensions, ainsi que les nerfs des audacieux qui avaient eu l'imprudence de prendre la même route que moi.
Vous devinez que s'il n'y avait pas eu de pare-brise, j'aurais eu les incisives couvertes de moustiques à la manière des motards qui exultent à leur guidon...
Juste un regret : il manque 50 ou 60 CV à cette auto pour être exaltante. Avec 110 CV, on arrive vite au bout. Dommage, car le châssis et la direction sont parfaits.

J'ai découvert des routes, blanches sur la carte, mais glorieuses dans la réalité, car refaites et élargies récemment. Avec des vues à couper le souffle, à droite ou à gauche.
D'autres, abandonnées par les hommes, s'enfonçant dans des sous-bois noirs d'absence de soleil, meublés par les chants de merles et de geais. Moqueurs, ils vous rasent le pare-brise ou courent à côté de vous.
Ces routes-ci sont creusées comme par la petite vérole, avec un trou tous les 2 mètres, serpentent entre deux haies de végétation qui réduisent parfois le passage à la largeur d'une auto. Orgueilleuses, elles portent cependant en leur milieu une ligne blanche discontinue, alors qu'on ne peut y faire se croiser que 2 brouettes.
Inutile de préciser que dans ces conditions, l'aiguille du compteur est souvent retenue autour des nombres 20 ou 30.

Il ne faut pas négliger le danger pour la suspension, des cassures du bord du bitume. On peut se farcir des trous de 30 cm de profondeur qui donnent l'impression qu'on a cassé quelque chose. Dans la plupart des cas, le bitume est très haut au-dessus du bas-côté. En me rangeant une fois pour un croisement, j'ai mis la roue avant droite dans un de ces creux et le châssis a violemment pris contact avec la chaussée, au point que je croyais avoir tout cassé. J'allais assez vite, et le retour sur la chaussée m'a envoyé à gauche, ce que j'ai corrigé, alors j'ai manqué retourner dans l'herbe; mais les vieux réflexes m'ont permis de me tirer d'affaire, en dessinant un joli S.

Mais bien sûr, il se trouve des routes "normales" et qui invitent à la danse, comme celle dont j'ai parlé du col de la Scallela côté Bastelica, surtout dans sa 2è moitié. Une autre, formidable, mais trop fréquentée (même par les Bleus) : celle de la fabuleuse forêt d'Aïtone, autour du col de Vergio.
Sur ces toboggans et ailleurs, les plus rapides sont les "white vans" signalés par un auteur américain en tourisme en France qui les craignait plus que tout. Il s'agit de ces inévitables camionnettes blanches de livraison, généralement non identifiées par un logo, mais dont les chauffeurs doivent tous avoir fait un stage à Montlhéry.
J'ai aussi suivi un car scolaire (plein) qui descendait un col à 70/80, une vitesse déjà fort palpitante vu le contexte.

Tout le monde a aussi entendu parler des animaux qui garnissent le décor, lorsqu'il n'y a pas suffisamment de chutes de pierres pour réveiller le conducteur qui aurait tendance à laisser ses réflexes s'endormir.

Quelles photos suivront pour les plus curieux.
Ne ratez pas la Corse à mi-saison : pour moi c'est le pied, même si j'y vais depuis 90 ans.
Pace e salute.
Dumè.

[Coco]

Un joli récit qui donne envie de limer les belles route de corse...

[André de Loecker]

Merci Doch pour ce joli morceau de bravoure , perso , j'ai raté une occasion l'année passée d'y aller faire une escapade , mais le moteur de ma chère berlinette en a décidé autrement . Soit je me contente du vin rosé de l'île de beauté , il fait aussi rêver , avec quelques olives et du saucisson c'est un peu un substitut
André

[Siestor]

Alors ...
Tu as toujours la belle envie de sauter d'un virage à un autre.
Ton coup de volant et ton expérience te permettent encore de sortir de situations délicates.
Ta fidèle NA n'arrive hélas pas à suivre le rythme et il faudrait peut-être songer à lui donner quelque repos bien mérité.

Ne t'approche pas d'une concession Alpine !
Ça pourrait se terminer par la signature d'un bon de commande.

[PhL]

Bravo DoCh , on s'y croirait

Et l'absence de "frein à main" dans le baquet de droite fait toute la différence comme tu dis....

"Juste un regret : il manque 50 ou 60 CV à cette auto pour être exaltante. Avec 110 CV, on arrive vite au bout. Dommage, car le châssis et la direction sont parfaits."

Bien d'accord, la mienne en 1800 est donnée pour 146ch et montée avec un autobloquant Torsen.
C'est déjà mieux mais il en manque toujours...
Coté frein, c'est un peu léger sur ces routes, mais bon, on se marre quand même...

De toutes façons avec sa fiabilité légendaire, cette auto a été achetée pour une mission bien précise: aller approvisionner les pièces pour la berlinette

[DoCh]

J'apprécie vos commentaires, et j'ai beaucoup pensé à Philippe, en faisant le col de la Scallela 3 fois dans un sens et deux dans l'autre.
Cependant, la MX a du mal à décrocher de l'arrière avec cette gourmandise que montre la berlinette. Il faut vraiment la secouer, arriver dans le virage en freinant très tard pour alléger le train arrière. Et comme le dit PhL, les freins étant un peu mous...

Et justement, Siestor, je vais m'approcher de près des nouvelles Alpine à l'occasion de l'inauguration de l'agence de Sanary, où je suis invité. Mais mon compte en banque va décider qu'elle n'est pas dans mes moyens. Il faut penser au coût de l'EPAD .

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À consommer accompagné d'un verre de Patrimonio...

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Près du col de la Vaccia. Le gardien du troupeau est le chien couché au milieu de la route.

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Une copine à Galeria, un peu préparée.

À suivre...
D.

[OliveCSL]

Très beau récit ! Merci.
Habitant Nice et allant souvent en Corse (en familiale et en famille...) j'y vais seul en Mai 2025 avec un ami Porschiste justement pour profiter de ce type d'expérience sans frein.
J'ai tout aussi hâte. Mais je pense que 2.5 jours seront suffisant

[Siestor]

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À consommer accompagné d'un verre de Patrimonio...


À suivre...
D.

On attend le compte-rendu de ce plateau bien loin du light is right

[DoCh]

Pour Siestor, le gourmet, et les autres...

Alors, nous avons, de gauche à droite :
- cake aux olives vertes, coppa, terrine de sanglier aux châtaignes, lonzu, confiture de figues,
- omelette au broccio, saucisson cachant une tranche de pancetta roulée, fromages (tomes de brebis).
(pas de jambon dispo, dommage).
Le tout délicieux, mais beaucoup trop copieux pour moi. J'ai eu mon doggy bag, (sacca da cane ?).

Je vous recommande l'auberge, où l'on trouve des menus normaux, aussi : c'est chez "U Taravu", à Zevaco. Si vous le demandez gentiment, le patron, Angeot, vous mènera à la cave où se cachent ces trésors. Vous auriez du mal à trouver de meilleure charcuterie corse, elle est faite avec talent à partir de cochons élevés ici, et non pas avec de la viande industrielle venue de Pologne ou de Roumanie : des cochons "nostrali", nourris aux châtaignes chaque fois que c'est possible.
Et si vous tenez à l'apéritif évitez de demander un Ricard, ou une Heineken. Vous aurez plus de chance de vous faire des amis en commandant un "Casa" (Casanis) ou une Pietra.

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Pour répondre à Oilve :
Tu vas te régaler bien sûr. Attention quand même sur les petites routes, il vaut mieux avoir une dashcam. En 1300 km j'ai faillir recevoir un scooter fou dans un virage à droite carrément coupé par le jeunot, qui heureusement pour lui, a réussi un évitement de dingue. (Malheureusement, à la suite d'une confusion, j'ai laissé la carte mémoire trop longtemps et ce passage a été effacé. J'avais choisi "séquence continue").
Plusieurs autres fois, j'ai été frôlé de très très près par d'autres usagers un peu trop pressés.
En outre, les défauts du bord droit de la chaussée sont très fréquents et dans l'urgence on tombe parfois, en se serrant à droite, dans des
trous qui semblent sans fond.

Un Grenoblois qui aurait dû manipuler le volant au lieu des freins :

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D.

[Siestor]

Merci Doch pour la légende du plateau, et aussi pour la bonne adresse que je ne louperai pas si je passe dans le coin

[Mail0183]

Et si vous tenez à l'apéritif évitez de demander un Ricard, ou une Heineken. Vous aurez plus de chance de vous faire des amis en commandant un "Casa" (Casanis) ou une Pietra.

et une mauresque

[DoCh]

L'explication du symbolisme de la tête de Maure décapité sur le blason de la Corse est toujours en discussion. Chacun voit la réalité historique ou légendaire à sa façon. D'ailleurs, au début (début de quoi ?), le bandeau était sur les yeux, usage adopté pour les décapitations.
Quoi qu'il en soit, je ne pense pas que ce côté "barbaresque" soit érigé en règle à respecter.

Pour en revenir aux bonnes adresses, il y en a sûrement des quantités, que ce soit pour le manger ou le dormir.
Pour vos étapes par exemple, voyez l'hôtel Mare e monte à Quenza, dont le responsable roule en A110 NG. Le propriétaire, son oncle Félicien Balesi, était pilote de rallye, à la belle époque. Il nous avait royalement reçus lors d'une virée à moto, il y a quelques années.

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Si vous voulez bénéficier d'une expérience hôtelière sortant de l'ordinaire, arrêtez-vous à Bastelica, mon village, et allez vers l'hôtel Artemisia, tenu par le chaleureux Christophe, qui vous concoctera de ses mains, un petit repas goûteux, et où vous dormirez face à la nature, le pied du lit contre la baie vitrée. Pour les insomniaques, une bibliothèque de qualité est à disposition. Pour les sportifs, un local fitness bien équipé.
Il y a même (horreur !) une prise pour les autos électriques...
D.

[OliveCSL]

Merci pour tous ces bons plans que je note avec intérêt

[DoCh]

L'hôtel Artemisia, à Bastelica, qui cache bien son jeu...

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Ne pas confondre avec Bastelicaccia, près d'Ajaccio, ce serait vexant, car le suffixe "accia" est péjoratif. Vous avez aussi Ghisoni à la montagne, et Ghisonaccia, à la plage.
La raison de cet ostracisme pour les lieux littoraux vient de la valeur autrefois accordée aux terrains de l'intérieur, bien plus rentables que les sables des bords de mer. Le machisme aidant, les terrains les moins appréciés étaient donnés en héritage aux filles de la famille, alors que les garçons recevaient les terrains de montagne (châtaignes, fruitiers, élevages...).
Les choses ont certainement changé sur les testaments, depuis l'afflux et la demande touristiques...
D.